Le comportement alimentaire et notre cerveau
Lorsque nous nous trouvons face à une situation, nous l’interprétons immanquablement de manière personnelle et subjective. Une personne sujette à la boulimie suivant un régime alimentaire percevra par exemple une situation de manière différente d’un sujet ne souffrant pas de troubles du comportement alimentaire. Le mécanisme qui aboutit à cette interprétation se divise en pensées automatiques, distorsions cognitives et schémas cognitifs. Si vous vous demandez comment perdre du poids : suivez le guide !
1) Repérer les pensées automatiques négatives
Quel que soit l’événement auquel nous nous trouvons confrontés, des pensées automatiques viennent s’immiscer dans notre esprit. Dans le cas de patients souffrant d’obésité ou de boulimie, il s’agit le plus souvent de jugements de valeur (« Je suis nul(le)/moche) et d’anticipations (« Les autres ne m’accepteront jamais »). Le premier travail du patient, qu’il soit obèse ou en rééquilibrage alimentaire, consiste à identifier ces pensées, devenues tellement « mécaniques » qu’il finit par ne plus en avoir conscience.
2) Identifier les distorsions cognitives
L’étape suivante de la restructuration consiste à comprendre les mécanismes menant le patient à ce type de pensées. Ces mécanismes, qu’on appelle distorsions cognitives, sont au nombre de six:
3) Le raisonnement dichotomique
C’est un raisonnement radical, binaire, dénué de toute nuance. Un sujet en proie à un déséquilibre alimentaire pensera par exemple à manger avec excès ou au contraire à s’abstenir….
4) La maximalisation du négatif et la minimalisation du positif
C’est en quelque sorte la tendance à voir le « verre à moitié vide ». Un sujet atteint de troubles du comportement alimentaire, surtout s’il est atteint d’obésité, percevra un kilo pris pendant les fêtes comme dramatique. Au point d’en oublier les nombreux kilos perdus auparavant…
5) L’inférence arbitraire
On parle d’inférence arbitraire lorsque le patient tire des conclusions hâtives sans preuves tangibles. Une personne qui suit un régime alimentaire, faisant une fixation sur sa perte de poids, pensera ainsi que deux carrés de chocolat la feront automatiquement prendre des kilos.
6) La généralisation
Ce mécanisme consiste à tirer des conclusions générales en partant d’une situation isolée. Ce serait le cas d’une patiente souhaitant maigrir si elle mettait le kilo superflu qu’elle a pris récemment sur le seul compte de l’incompétence de sa diététicienne.
7) La personnalisation
Ce processus survient lorsqu’un patient se responsabilise pour des événements qui ne sont pas de son ressort. « Je rate toujours tout parce que je suis grosse », peut penser une personne obsédée par son comportement alimentaire et sa perte de poids.
8) L’abstraction sélective
C’est la tendance à être obnubilé par un détail au point de passer à côté de la situation globale. Un patient en rééquilibrage alimentaire, s’il n’a pas consommé de chocolat depuis longtemps, en verra ainsi partout dans un magasin, même si bien d’autres types de produits y sont également proposés.
9) Rechercher les schémas cognitifs
Cette dernière étape consiste à identifier les convictions intimes du patient (« Pour être aimée et appréciée, je dois à tout prix maigrir »). Ces pensées négatives, qui peuvent occasionner divers troubles du comportement, sont souvent dues à des règles familiales ou sociales, ou à des traumatismes passés. Elles sont particulièrement présentes chez les sujets obèses.
10) Développer les capacités d’accommodation
Face à un événement, deux mécanismes nous permettent de traiter les nouvelles informations: l’assimilation et l’accommodation. Lorsqu’un événement se révèle incompatible avec nos schémas cognitifs, l’assimilation consiste à ignorer l’événement, ou à l’interpréter de manière à le rendre compatible avec un de nos schémas. L’accommodation est le mécanisme inverse : il consiste à adapter ses schémas à la réalité. « Ma difficulté à être aimée ne provient donc peut-être pas de mon poids », conclura ainsi la patiente.
La restructuration cognitive a donc pour objectif final de développer chez le patient ses capacités d’accommodation, et plus précisément sa disposition à remettre en question ses croyances profondes.